Notre voyage printemps-été 2018, pour voir la carte cliquez ici

Les croquis réalisés en Iran sont sur lescroquisdelescampette.jimdo.com

A la Une du journal de Tabriz

Le poste frontière de Belisuvar est en pleine campagne côté Azéri. Nous étions les seuls à passer en ce milieu de matinée du 20 septembre. Pas un véhicule. On nous trimballa d’un côté, puis de l’autre. Personne ne savait si nous devions passer côté voitures ou côté piétons. Finalement ce fut côté piétons. Nos passeports furent vérifiés au moins trois fois, les bagages scannés – les vélos aussi devaient passer dans le scanner mais ce dernier n’étant pas assez large il y eut concertation, puis tant pis « allez-y ».

« Qu’allez-vous faire en Iran ? Tourisme ? Good luck » Ça met à l’aise.

Je baissais mes manches, dissimulais mes cheveux sous un foulard et nous nous dirigions vers le poste iranien. Des chants religieux étaient diffusés de façon très sonore. Nous passions devant pas moins de quatre officiers avec  chaque fois les mêmes questions : « que venez-vous faire en Iran ? Où prévoyez-vous d’aller ? Où irez-vous après l’Iran ? Quelle est votre profession ? Etes-vous mariés ? Depuis combien de temps ? Combien d’enfants ? Quelle est votre religion ? Votre numéro de téléphone ?... «  Les inquisiteurs prenaient nos réponses en notes, examinaient nos passeports sous toutes les coutures. L’un d’entre eux nous dit : « L’Iran, c’est dangereux », un autre nous informa que le 20 septembre, jour de l’Achoura, tout était fermé, même les hôtels. « Vous ne pouvez pas rester à Belisuvar. Vous devez aller à Germi, à 50 km seulement ». Il oublia d’ajouter 25 km de côte. Avec le temps que nous mettions à franchir cette douane nous n’y serions jamais avant la nuit. Je commençais à me demander si nous avions bien fait de venir. Peut-être ne passions-nous tout simplement pas à un poste frontière assez fréquenté.

Et nous voici enfin dans la rue principale de cette bourgade iranienne. Nous changions sur le trottoir nos derniers Manats Azéris sans rien comprendre au taux. Nos dollars seront changés également dans la rue au taux de 140 000 rials pour 1 $ , au lieu de 45 000 taux officiel. Evidemment  cela allait changer les prix et une chambre d’hôtel qui aurait dû nous coûter dans les 20 $ n’était plus qu’à 6 $.

De l’autre côté de la rue nous attira un panneau « HOTEL - OPEN». Une femme était en train de balayer le seuil d’une main tout en tenant son tchador de l’autre main. A noter que le mot  tchador  signifie de façon générale « draps, tente ou bâche ». Je parlerai donc désormais de femmes bâchées.

Les pendules indiquaient 30 minutes de plus qu’en Azerbaïdjan. Nous mettions nos montres à l’heure.

Nous ne trouvions pour déjeuner que des œufs au plat dans un troquet qui avait mis ses tables sur le trottoir. Le soir le jeune serveur n’ayant plus ni pain ni œufs nous improvisera un repas avec deux saucisses en plastique et des galettes non levées. Le seul restaurant du bourg, qui appartient à notre hôtel, était fermé en ce jour férié. Les hommes nous parlaient, en s’adressant plutôt à Daniel il est vrai, mais sans m’ignorer.

 

Des chants, des roulements de tambours : il y avait spectacle sur la place centrale. Devant un public de femmes toutes en noir d’un côté et d’hommes de l’autre se déroulait la reconstitution très amateur de la bataille menée par Hossein, descendant du Prophète, contre les Omeyades en 680 et son « assassinat ». En fait il est mort à la guerre. On nous avança des chaises et nous voici spectateurs à notre tour. 

Dans l’assistance des hommes pleuraient à gros sanglots, des femmes se voilaient complètement la face. Les Iraniens aiment leurs martyrs. Certains traversaient la scène pour aller épingler des billets sur la bannière du héros. Cette grande bannière noire d’ailleurs lui revenait dans la figure de façon comique à chaque coup de vent. Mais j’étais certainement la seule à avoir envie d’en rire.

 

A 8 heures du matin le boulanger était dans son fourni en train de préparer des galettes de pain. Elles seraient cuites dans un quart d’heure.

 Nous attendions donc, comme les autres clients, hommes d’un côté, femmes de l’autre côté de la porte, tout ce petit monde habillé de noir,  se connaissant fort bien puisque habitant le même quartier, mais ne s’adressant pas la parole.

 

La route n’était pas très large mais cependant passagère. Les véhicules nous klaxonnaient plutôt moins qu’en Azerbaïdjan. Nous passions des hameaux sans aucun commerce, ni même un débit de thé. A midi nous profitions des toilettes dans une station services. L’essence est à 35 centimes d’euro mais le Lonely Planet indique une augmentation de 1000 % ces dix dernières années ! Malgré la calculette je reste perplexe sur le prix du litre d’essence avant l’augmentation…. Dans ce village paumé nous déjeunerons encore dans LE restaurant de deux œufs sur le plat mais cette fois nageant dans l’huile. Le soir, en fin d’étape nous ne trouverons qu’un fast food.

Le repas du cyclo

Les 20 derniers kilomètres nous réservaient des côtes avec des 10% et plus dans un décor de montagnes arides. Nous poussions à plusieurs reprises. De 80 m d’altitude à Belisuvar nous allions passer à 800 à Germi. Le foulard sous le casque me faisait transpirer à grosses gouttes.  Je m’arrosais la tête avec mon bidon. Germi était notre but, le douanier de la veille nous ayant dit qu’il y avait un hôtel. Heureusement que n’avions pas suivi ses instructions, à savoir quitter Belisuvar tout de suite – vu la difficulté de la route. Nous arrivions fourbus dans le centre-ville où nous pensions demander  l’hôtel. Mais nous ne nous étions pas sitôt arrêtés qu’une voiture se garait à nos côtés et le chauffeur nous demandait, par signes, ce que nous cherchions. « Hôtel ». Il n’y avait pas d’hôtel dans cette ville. Quoi ? Une grande ville comme cela, à un carrefour routier, sans hôtel ? Même au Kirghizstan il y avait un hôtel dans chaque bourgade ! L’homme tapotait sur son téléphone et nous répétait le mot « football ». Bon, nous pourrions peut-être planter la tente près du terrain de foot. Au bout d’un moment, après avoir parlé avec son interlocuteur, il nous fit signe de le suivre. Et il nous emmena jusqu’au gymnase, près du terrain de foot en effet, où il nous remit dans les mains d’un autre homme qui, après avoir exigé nos passeports mais s’être contenté des photocopies,  ouvrit pour nous une chambre avec deux lits -surveillés par Komeyni et son copain-, douche (froide, mais  on ne va pas faire les difficiles) et toilettes dans le couloir. Nous proposions de payer, mais cela ne semblait pas prévu. Pourtant nous faisions notre offre trois fois, comme il est d’usage en Iran, afin que celui qui refuse puisse sans perdre la face revenir sur sa décision. Si au bout de trois fois il reste sur sa position, c’est bon, vous pouvez rengainer vos billets. Le marchand de fruits qui voulut nous offrir nos deux pêches changea d’avis à notre troisième tentative de paiement. Zut, raté !

Bon, revenons à notre chambre. C’était tout de même étrange cet homme qui nous avait amenés là. Dany me dit qu’il nous suivait depuis un bon moment, mais je ne l’avais pas remarqué. Nous, évidemment, nous étions repérables. Sans lui, je ne sais pas où nous aurions atterris, car ni l’un ni l’autre ne nous sentions capables  de poursuivre la route, bien trop fatigués. De toute façon le plus dure restait à faire.

 

Dans la soirée nous ressortions pour trouver à dîner. Mais comme je l’ai dit plus haut, il n’y avait franchement pas grand-chose. Le parcours du lendemain semblait sur la carte dépourvu de villages pour se terminer à un carrefour de deux routes où étaient indiqués un poste d’essence et un hôpital. Mieux valait donc avoir de quoi se faire à manger. Nous réussissions à acheter deux sachets de nouilles instantanées et une boite de haricots, deux tomates et un concombre – et du pain. Il allait falloir que cela suffise pour la journée. Nous étions stupéfaits par le manque d’articles dans les magasins (saufs les bonbons bien sûr), par les déchets qui jonchaient les trottoirs et qui ne semblaient déranger personne puisque tout le monde jetait négligemment papiers, plastiques, cannettes, etc. 

Les Ayatollahs veillent sur notre repos

L’effigie de Khomeiny est omniprésente.

 

Ce saint homme qui, entre autres mesures pieuses, avait fixé l’âge légal du mariage des femmes à 9 ans, heureusement ramenés après sa mort à 13, puis 15 ans. C’est à cause de lui aussi que je dois porter ce fichu foulard !

« On peut jouer ensemble, il suffit que les filles mettent  un foulard »

 

Son successeur – et presque homonyme – Khamenei, a décidé, lui, que le vélo était un sport indécent pour les femmes. Interdit ! A ce sujet nous entendrons plusieurs sons de cloche. Notre amie A. de Tabriz, nous assurera qu’elle peut faire du vélo, quelqu’un d’autre nous dira que non, ni vélo ni moto. Nous verrons toutefois une seule cycliste pendant notre séjour, à Ispahan.

Départ difficile de Germi. Ça grimpe tout de suite, dur, des rampes de fous, jusqu’à 16 %. En 25 km il va falloir passer de 800 m à 1800 m d’altitude. Trop dur pour que nous arrivions à voir quelque chose du paysage. Nous poussions, comme des bœufs – bien que normalement les bœufs tirent, mais bon. 25 km comme cela, on n’y arriverait pas dans la journée. Plein de pickup up nous doublaient et l’idée de faire du stop ne tarda pas. Et ça a marché. Deux gars nous avanceront chacun d’une dizaine de bornes si bien qu’avant midi nous étions en haut du col de Tamir Kandi. La route continuait vers Ardebil mais nous avions décidé de couper à travers un plateau pour rejoindre 30 km plus loin, au niveau de Muradlu, celle qui file vers Tabriz.

Les montagnes désertiques avec des chaumes et des labours à leurs pieds, c’était superbe.  La route était vallonnée mais, même si nous étions encore en petit plateau sur certains tronçons, nous montions, donc ça allait. Parce que le moral en prend un coup quand nous n’arrivons à rien. Avons-nous si peu de force ? Est-ce que les pourcentages sont très importants ou bien sommes-nous désormais incapables de monter la moindre petite côte avec ces vélos ? Trop lents les Chamolents ! Reste plus qu’à rouler dans la Beauce ou les Flandres ! Bref, on gamberge dans le négatif. Sur notre carte étaient indiqués à Muradlu un hôpital, une pompe à essence, une banque et un restaurant. Il serait peut-être possible de planter la tente derrière la station ou l’hôpital. A voir …

Ah les gens de Muradlu s’en souviendront de l’Achoura 2018 !

« Mais, si, rappelle-toi, c’est l’année où deux Français sont arrivés sur des drôles de vélos ! »

 

Nous voici à l’entrée du patelin en début d’après-midi, fatigués, affamés, assoiffés. Et une fois encore on aurait dit que nous étions attendus. Un gars dans sa voiture nous demanda ce que nous cherchons. « Un restaurant », il nous fit signe de le suivre dans la direction opposée de ce que nous avions repéré sur la carte et nous emmena à la mosquée. Beaucoup d’hommes et de gamins et puis quelques femmes étaient regroupés là. Dans les deux secondes qui suivirent notre arrivée très remarquée nous fut servie une grosse assiette de riz et lentilles chacun et du thé.

 « Il y a un hôtel ici ? », question saugrenue vu le patelin. « Non, pas d’hôtel », je m’en doutais, et puis un homme lance « si, il y en a un ! » et nous voici partis, toujours suivant la voiture de notre chaperon, vers la station services située à 1 km, sur la grande route. Et en effet, derrière une boutique, un restaurant et une pâtisserie, il y avait un hôtel, sans enseigne. Une jeune femme, toute en noir « à cause de la mort d’Hossein » expliquera-t-elle, nous accueillit dans un Anglais parfait. Une chambre douillette avec sanitaires privés, que pouvions-nous souhaiter de mieux ? Trop heureux de ne pas avoir dû monter la tente. Quand nous ressortirons en soirée un grand vent froid se sera levé amenant de lourds nuages noirs. Puis il y eut un orage tandis que nous dînions d’un bon pilaf au poisson pour Daniel et d’une soupe de riz au yaourt et coriandre délicieuse pour moi. Tout allait bien, tout allait mieux. Cela faisait ce soir 39 ans que nous étions mariés.

 Il nous avait fallu retarder nos montres d’une heure, l’Iran passant à l’heure d’hiver. Et sortir pour diner de nuit, un gilet sur le dos, cela nous fit un choc tout d’un coup. La belle saison, qui avait commencé pour nous mi-mai, était finie. Les belles journées nous seraient désormais comptées et nous allions à pas de géants vers des mois sombres et froids. C’était tout simplement paniquant.

Deux adolescents nous apostrophèrent à la sortie de la pâtisserie : « Pouvons-nous faire une photo avec vous ? Nous sommes tellement contents de voir des touristes ! »

 

 

Meshgin Shar était la première vraie ville iranienne que nous voyons. La circulation y était quelque peu anarchique mais pas trop dangereuse. Après avoir déposé vélos et bagages à l’hôtel et déjeuné de kebabs et d’une énorme assiette de riz surmontée d’un gros bout de beurre, de l’ayran bien frais pour boisson, nous allions chez le changeur voisin. « Salam. Quel est le taux pour 1 $ ? » Là on n’avait rien compris. Ce n’est pas comme cela que ça se passe ici. D’abord il faut boire une tasse de thé, manger un bonbon, se présenter, et ensuite on peut parler affaires. Le taux de change était toujours à 140 000 Rials pour 1$. Banco. Donnez-nous en pour 100 $, soit 14 millions.

 

Une petite sieste et  nous ressortions, un peu dans l’idée de me trouver une deuxième liquette à manches longues pour que je puisse laver celle que j’avais sur le dos et qui, avec la sueur, commençait à cartonner. Tous les commerces  étaient ouverts bien que ce fut dimanche car en Iran le weekend c’est le jeudi et le vendredi. Dans cette petite ville les femmes, toutes en noir bien entendu mais souvent très maquillées, étaient plus présentes dans la rue que dans les villages et bourgades rurales traversées les jours précédents où elles n’étaient que des ombres furtives. Nous verrons même des couples au restaurant et l’une d’entre elles voudra être prise en photo avec moi. Les magasins de vêtements femmes avaient déjà sorti les manteaux d’hiver. C’est qu’il fait très froid par ici et la neige tombe dès novembre. Et puis il y avait en vitrines des dessous affriolants à porter sous les tchadors noirs bien fermés. 

A l’entrée de Ahar, alors qu’il commençait à pleuvoir, deux hommes voulurent que nous nous arrêtions pour un selfy. Par moment je les trouve un peu lourds quand même ! Que dire de cet autre qui s’arrête pile devant nous en pleine côte juste pour nous regarder et nous voici obligés de nous écarter sur la voie de gauche au milieu de la circulation pour le doubler ? S’ils ne connaissent pas les jurons français, c’est pour eux le moment de tendre l’oreille.

A Ahar nous n’aurions jamais trouvé LE restaurant si un jeune citadin ne nous y avait amenés. « Pas cher et typiquement iranien », ce qui donna un sandwich au poulet et une assiette de frites !

 

A Ahar il y a un vieux quartier entièrement dédié à la laine, en suint, brute, écrue ou teintée de couleurs vives. 

C’était un peu une gageure d’atteindre Tabriz en une seule étape de 110 km puisqu’il n’y a aucun hôtel avant, tout en sachant que, en cas de force majeure, nous pouvions toujours planter la tente sur le bord de la route.

 

Il y eut deux bonnes descentes mais précédées ou suivies d’aussi bonnes côtes. Et puis une région de collines colorées de tous les ocres absolument superbes.

Une pause sandwich près d’une station essence et nous atteignions l’entrée de Tabriz les genoux surchauffés. Il allait encore falloir se taper 10 km de voies rapides et boulevards surchargés pour attendre enfin un hôtel. Le premier, sans discuter ! Ouf !

 

Il fallait donc que nous venions en Iran pour que je réalise mon vieux rêve d’aristo anar : parcourir le monde à vélo, garer mon biclou aux côtés des grosses bagnoles et laisser le liftier, habitué aux bagages Vuitton, se charger de mes sacoches poussiéreuses.

Un tour dans le vieux bazar, dédalle de ruelles couvertes de belles voûtes en briques. 

Vers midi, dans le quartier des changeurs une foule d’hommes se pressait pour connaitre le taux de change du jour. Le taux du $  ayant encore augmenté (160 000 rials = 1$), nous aurions pu finalement continuer à vivre dans le luxe.

 

Difficile de trouver à manger autre chose que kebab+riz ou sandwich. Pas de légumes dans les restaurants. Pourtant sur le trottoir on peut se lester  d’une pomme de terre + un œuf dur enroulés dans une galette de pain. Le risque est plus grand de mourir étouffé qu’affamé.

Traverser les boulevards relève parfois du pari dans ce flot de véhicules, les passages piétons étant uniquement décoratifs. En fait, pour les automobilistes iraniens, le piéton est l’égal d’une femme, c’est-à-dire sans aucun droit. Mais nous observions à la lettre les recommandations du Lonely Planet, à savoir traverser en même temps que les Iraniens sans oublier d’en mettre toujours un entre soi et le danger …?

Cinquante fois par jour des gens nous gratifiaient d’un « Welcome in Iran » en nous croisant. L’expression si entendue les mois derniers « Français = Champions » était déjà obsolète, de l’histoire ancienne. Mais les femmes fans de foot doivent savoir qu’en Iran les stades leurs sont interdits car elles ne doivent pas voir des hommes courir en short. Quelle horreur ! Elles peuvent cependant se passer les matchs en boucle à la TV. (il paraitrait que cela vient de changer)

Chose vue : une jeune femme avec un pansement sur le nez (-tiens ? Elle est tombée ?), une deuxième avec un pansement sur le nez, puis une troisième. Et soudain j’ai compris ! Chirurgie esthétique ! Les Iraniennes veulent avoir un petit nez ! Le jour où les Chinoises en voudront un long comme celui des Iraniennes, ce sera plus difficile.

 

 

Nous étions attendus chez un jeune couple. Ils ont tous les deux moins de 30 ans et parlent parfaitement Anglais. Elle parle également le Français qu’elle enseigne au collège. C’est un petit bout de femme adorable, tout sourire, qui attend son bébé en continuant à préparer un doctorat de  littérature française. Elle a d’ailleurs bien du mal à acheter des livres en Français, à cause des prix d’une part, et de la censure qui l’empêche de télécharger des livres étrangers. Nous trouvions cependant dans sa bibliothèque, parmi d’autres livres comme « Belle du Seigneur » de Cohen ou « Le deuxième sexe » de Simone de Beauvoir (deux pavés plutôt indigestes), toute la collection des écrits de Nicolas Bouvier. Ella Maillart lui est également familière. C’est avec joie que nous feuilletions des livres papier, ce qui ne nous était pas arrivé depuis huit mois. Comme chez tous les Iraniens le sol de leur petit appartement est recouvert de tapis épais qui se chevauchent sans soucis d’accord de tons. « Le tapis fait partie intégrante de la vie iranienne » nous diront-ils. Et comme il est d’usage de marcher pieds nus dans les intérieurs, c’est bien agréable de fouler ces moelleuses épaisseurs de laine.

On livre !

 

 Ces deux jeunes forment un couple moderne, qui ne fréquente pas la mosquée et espère plus de démocratie. Cependant la situation économique et politique de leur pays ne cesse de les inquiéter. « La religion nous tue » déclare-t-‘elle en ajoutant qu’elle déteste le noir et s’habille volontiers de couleurs douces ou acidulées. En fin d’après-midi ils nous emmèneront en voiture jusqu’à la montagne Eynali d’où l’on a une superbe vue 400 m au-dessus de la ville. 

Il me semblait saugrenu de partir en balade à la nuit tombante mais il y avait foule et tout est très bien organisé. Du parking obligatoire des minibus emmènent les visiteurs par une route très raide jusqu’en haut de la montagne, jusqu’à un très ancien sanctuaire et un bassin où les couples et les familles piqueniquent, ou bien grignotent des graines de tournesols, assis sur des couvertures alors qu’il fait déjà nuit noire. Les Iraniens piqueniquent à toute occasion et profitent du plus petit coin d’herbe ou de trottoir paisible pour étaler leur couverture et leurs provisions. Parfois ils montent même une tente car il est permis de camper dans les jardins publics.

Pause thé sur le trottoir

Le lendemain matin, jour de congé puisque vendredi, tandis que lui  était parti randonner avec un ami, nous restions à lire puis visionnions le film vidéo réalisé à l’occasion du mariage de nos jeunes amis. Costume pour lui, grande robe blanche pour elle, on aurait pu croire un mariage occidental si ce n’est le style des danses typiquement oriental.

Il était prévu que nous laissions chez eux vélos et sacoches pendant une quinzaine de jours, le temps d’aller visiter quelques sites iraniens. Ils ne nous laissèrent pas prendre les transports en commun pour rallier la gare routière et nous y emmenèrent en voiture. Ils s’étaient occupé de nous retenir deux places dans un bus pour Ispahan ainsi qu’un hôtel.

 

Ispahan nous apparut tout d’abord une ville calme, avec de grands espaces et des jardins. La grande artère qui relie la place du palais au fleuve est en chantier, transformée en allée piétonne ombragée. Il y a encore plus de jeunes femmes dans la rue qu’à Tabriz, bien que 90% d’entre elles soient bâchées de noir.

 

Nous nous dirigions vers le fleuve, ses rives aménagées en jardins et ses ponts historiques. Et, surprise !, c’est un fleuve de sable ! Pas une goutte d’eau. Et cela depuis 8 ans d’après ce qu’on nous a dit ! Imaginez la Loire à Angers ou Nantes complètement asséchée ! C’est assez poignant.

Le bazar nous a vite gavés avec ses innombrables vitrines le long de rues couvertes. Y manque l’ambiance d’un marché ou d’un souk.

Tout autour de la place centrale, l’une des plus grandes places du monde parait-il, sont installés sous des arcades des artisans dinandiers, des marchands de tapis et de souvenirs. 

Derrière la mosquée Shah se dessinent les montagnes rocheuses en toile de fond. 

Nous venons visiter un pays musulman et qu’est-ce qui nous retient le plus ? Les livres de prières orthodoxes vus dans le musée de la cathédrale arménienne ! La collection d’incunables y est exceptionnelle. En voici deux exemplaires du XVè siècle pour le plaisir.

Il est plus facile de trouver des  magasins de sucreries et pâtisseries, toujours très fréquentés, qu’un bon restaurant en Iran.

Les Fast Food ont envahi le pays. A force de chercher nous avons réussi à manger dans deux vrais restaurants. Cependant quand les cartes proposent plusieurs plats, bien souvent c’est uniquement pour faire joli et on ne peut avoir que des kebabs. Nous gouttions donc un midi au  dizi, sorte de pot au feu servi la soupe à part dans laquelle on met son pain à tremper et les légumes et la viande dans un pot avec un instrument pour transformer le tout en une espèce de hachis. Si en Corée on devait couper ses nouilles dans l’assiette avec des ciseaux, ici il faut faire son hachis Parmentier soi-même. Dans une jolie cour nous dégustions une purée d’aubergines chaude, à manger également sur du pain. Sur les tables sont toujours présents des saladiers ou bols pleins d’herbes aromatiques à grignoter – ou brouter – pendant le repas. Le pain, sous forme de galettes plates, est une partie importante du repas et les Iraniens semblent en faire une grande consommation. Nous ne pouvions pas ne pas goûter le fesenjun, poulet servi dans une sauce à base de noix et de grenade. C’est carrément un bol de sauce noire, épaisse et très sucrée, avec quelques miettes de poulet et du riz blanc. Surprenant de goût, mais on n’en abusera pas. Suivi d’un milkshake en dessert, ce jour-là nous déjeunions pour plus d’une brique.

Au fait, puisqu’on parle d’argent, Daniel a reçu en monnaie une pièce de 1 Rial. Sachant que 100 000 Rials valent 0,60 €, combien vaut 1 Rial ?

Ispahan by night

500 km de désert pour rejoindre Chiraz. De la caillasse et d’immenses terrains vagues. Rien d’autre, avant d’arriver à nouveau dans une grande ville asphyxiée par la circulation automobile. Que ce pays doit être difficile à vivre !

Vu du bus, sur cette route toute droite, dans ce désert nu, un cyclo voyageur. Pour une fois il ne m’a pas fait envie. Depuis Tabriz il nous aurait fallu, à vélo, bouffer du désert sur des voies rapides pendant plus de dix jours.

Chiraz est située dans une large vallée cultivée autrefois de vignobles. Mais nous ne verrons pas plus de vin à Chiraz que de roses à Ispahan. On peut se demander d’où vient l’eau quand on voit l’état de la rivière complètement sèche dont le lit est partiellement occupé par une route. Cependant sur la carte il y a un lac à quelques 20 km de la ville.

Le hall de notre hôtel était « décoré » de grandes affiches publicitaires Turkish Airlines invitant à découvrir les Etats-Unis. Etrange, vu le contexte actuel ! L’Iran a mis en place tout dernièrement un système de visa électronique sans tampon d’entrée sur le passeport, afin de ne pas inquiéter les touristes qui auraient envie par la suite d’aller aux USA. Tant pis pour nous qui avons bel et bien le visa iranien collé sur notre passeport. Nous n’envisageons de toute façon pas d’aller en Amérique du Nord prochainement.

Si je n’avais pas trouvé Hadji Baba à Ispahan comme je l’espérais – d’après le titre d’un livre lu il y a fort longtemps et qui m’a fait fabuler -, c’est qu’il était à Chiraz où il a ouvert un petit restaurant à deux pas de notre hôtel. Nous y avons diné d’un excellent riz byriani pour 1,50 $ à deux.

 

 

Visite de la mosquée rose, en début de matinée, d’après les conseils de notre hôtelier, afin de voir la lumière passer à travers les vitres colorées. Quelle foire ! Tout le monde est là à la même heure, pour contempler ? Non !, pour se photographier déguisé en Arlequin derrière lesdits vitraux. 

J’obtempérais de mauvaise grâce il est vrai quand un homme me demanda de bien vouloir dégager pour que sa femme le prenne en photo. Alors il ajouta : « N’êtes-vous pas descendue au même hôtel que nous, l’Ariana ? – Oui en effet – Je vous ai vu ce matin au petit déjeuner garder votre sachet de thé dans votre tasse et la remplir trois fois d’eau chaude. On ne doit garder le même sachet que pour une tasse, deux au maximum, et ensuite en utiliser un nouveau  - ?! » Mais de quoi se mêle-t-il ? Je fais ce que je veux avec MA tasse de thé ! Est-ce que je m’occupe de la façon dont il mange et de ce qu’il boit ? S’il voulait me rendre aimable celui-là, il s’y est mal pris !

 

Traîné dans le bazar plein de fanfreluches colorées à porter sous le tchador noir.

Puis la Mosquée Vakil, 

enfin la tombe du poète Hafez décédé en 797 et devenu une idole. Derrière le jardin mausolée du poète s’élève la montagne aride

Dégustation d’une glace au safran dans le jardin du poète

 

Le taux de change du Rial incroyablement bas nous a permis de prendre une chambre dans l’hôtel situé au pied des ruines de Persépolis. Et c’est en taxi privé que nous avons parcouru la soixantaine de kilomètres qui sépare la ville de Darius de Chiraz.

 

Le ciel s’était couvert dans la matinée et l’orage se déclencha tout juste alors que nous sortions de ville. Pas tant d’éclairs et de pluie que de vent. Des rafales apportaient du sable et de la poussière si bien que nous roulions dans un épais brouillard jaune. Inutile d’espérer avoir un bel aperçu du site en arrivant, tout était noyé de poussière.

Nous prenions possession de notre chambre dans cet hôtel au décor très Agatha Christie.

 J’y aurais bien vu aussi ces écrivains journalistes voyageurs un peu alcolos – Hemingway, Peter Fleming, Kessel… Mais quelque chose clochait dans mon scénario. Si deux hommes discutaient, engoncés dans les gros fauteuils de cuir du salon, la serveuse toute emmaillotée de noir leur apporta, sur un plateau, deux verres et … une bouteille d’eau ! « Moi, j’aurais bien pris un petit whisky » me disais-je en sirotant ma limonade.

 

La présence de grands arbres dans le jardin de l’hôtel nous fit du bien. Nous commencions à avoir besoin de verdure après ces mois en régions désertiques. J’avais besoin aussi de voir des oiseaux. S’il y en a si peu en Iran, est-ce seulement la faute de la sécheresse ou bien aussi des chasseurs qui tirent sur tout ce qui bouge ? Toujours d’après le Lonely Planet – notre bible– nous apprenions qu’un million de permis de chasse est délivré dans le pays, le gouvernement fournissant gratuitement les cartouches. Je m’étonne seulement que nos candidats aux présidentielles françaises n’aient pas encore pensé à cet argument électoral.

Dans la soirée nous approchions, doucement, des ruines, pour en faire le tour par l’extérieur, les flairer et en garder la dégustation pour le lendemain. Au couchant, le soleil réussit à passer sous les lourds nuages qui ne s’étaient pas dissipés et à teinter d’orange et de pourpre les colonnes et le mont Mithra.

Darius, dans les années 518 av. JC, s’était fait bâtir une capitale d’apparat au milieu de nulle part. Il fit donc ériger une terrasse de 450mX300m adossée à la montagne puis, là-dessus, un hall d’audience, un palais, une salle du trésor. Au moment de l’équinoxe de printemps, la fête de Norouz de nos jours encore le Nouvel An Iranien, tous les peuples de l’Empire venaient y rendre hommage au roi. Le reste du temps elle demeurait, parait-il, inhabitée. Mais étions-nous venus voir les restes d’un Empire ou bien plutôt ressentir la magie des vieilles pierres ? Ressentir l’énergie qui se dégage de ces colonnes fichées dans le sol depuis 2 500 ans et dressées vers le ciel, à toucher les étoiles ? Apprendre la liste des tribus venues rendre hommage aux rois  Perses ou admirer la pureté du dessin ?

Dans le site dès l’ouverture nous  étions quasiment seuls jusqu’à 10 h du matin.

 Nous montions jusqu’aux tombeaux rupestres   d’où l’on comprend bien la situation de la ville antique en terrasse dominant toute la plaine. Dommage que, au pied du site, il y ait une décharge. Dommage qu’une animation musicale nous ait accompagnée jusque-là. Dommage que le muezzin nous ait atteints, longuement, jusque devant la représentation du dieu Ahura Mazda.

A noter que, à l’intérieur du site de Persépolis, il y a une salle de prière, comme dans tous les lieux publics, y compris les stations essence. En fait c’est assez pratique, car, quand on l’a repérée, on sait que les toilettes ne sont pas loin.

 N’empêche que, s’il n’y avait eu que Persépolis à voir en Iran, le voyage en aurait quand même valu la peine.

Six heures de bus. Six heures de désert. Et puis soudain, peu avant Yazd, il y a la ville de Taft, verdoyante. Et l’on comprend la signification du mot « oasis » et ce que pouvaient ressentir les voyageurs d’autrefois, à pied ou à dos de chameau, en voyant cette végétation. Pourtant il ne s’agit pas d’un miracle mais plutôt du laborieux travail humain pour amener l’eau par des canaux souterrains, creusés et soigneusement entretenus et qui courent sur 90 km de la montagne jusqu’à Yazd, en abreuvant les villages en chemin. Les maisons des bourgeois sont construites au-dessus de ces canalisations – appelées qanâts – et possèdent des bassins souterrains privés. Au-dessus de ces bassins pleins d’eau fraiche s’élèvent les tours des vents, ouvertes sur deux ou quatre côtés, dans lesquelles l’air peut s’engouffrer, descendre jusqu’au bassin puis rafraîchir une ou plusieurs pièces de l’habitation.

La vieille ville de Yazd, toute en pisée, hérissée de tours, de coupoles et de minarets, est un véritable dédale de ruelles entre de hauts murs qui cachent la vie privée.

 De ci de là, des portes étroites et sans fioriture. Si les hôtels ne s’étaient installés derrière, on ne verrait rien des lieux de vie des habitants aisés de Yazd. Et le long de ses hauts murs coure tout un réseau de canalisations de gaz, comme nous l’avions déjà vu en Ouzbékistan. Mais il y a des fuites ! Oh combien ! Si bien que l’odeur de méthane nous a accompagnés durant toutes nos promenades. Franchi le seuil d’une de ces portes minables, on entre dans un étroit couloir sombre. Une chicane, parfois une seconde porte et quelques marches pour descendre d’un niveau, et l’on se retrouve à tout coup dans une cour-jardin, avec un bassin d’agrément en son centre.

 En face, la salle de repos rafraîchie par la tour des vents, sur les côtés les pièces à vivre, transformée en l’occurrence en chambres d’hôtel. Des escaliers aux marches déraisonnables descendent encore sous terre, vers le réservoir d’eau. Un autre mène au toit en terrasse d’où la vue se perd par-delà les murs jusqu’aux montagnes. Car il faut pouvoir s’évader et regarder un peu l’horizon pour accepter de vivre entouré, enfermé derrière des murailles de 5 ou 6 mètres de haut.

La vue de ses terrasses est superbe au couchant. C’est aussi l’heure où la ville sort de sa torpeur et les muezzins hurlent dans les micros, l’heure des boules Quies pour le bon dieu. La sono est vraiment trop forte.

Nous assistions à une démonstration de force dans un ancien réservoir assez grand pour être transformé en salle de spectacle. Au son de chants et au rythme d’un tambour, des costauds firent devant nous des exercices de musculation impressionnants. 

Nous marchions dans la ville, visitions des mosquées, entrions dans des cours, cherchions quelques angles, à l’ombre, pour dessiner.

 Mais en fait, de bus en bus, de ville en ville depuis deux semaines bientôt, nous commencions à nous ennuyer. Toutes ces silhouettes noires, ces banderoles et drapeaux noirs – toujours en commémoration de la mort d’Hossein au 7ème siècle -, ces demandes de selfies répétées rendaient le climat lourd. Le port obligatoire du foulard m’agaçait. Les difficultés pour trouver à manger autre chose que de la viande nous pesaient également. Il était temps de retrouver nos vélos et penser à la suite du voyage.

Et vous me remettrez bien 9 h de désert ! Soit 600 km de bus pour arriver à Téhéran où nous devions prendre aussitôt un train de nuit pour Tabriz.

Petite anecdote dans une station services où notre bus doit faire le plein de gasoil. Tous les passagers restent à l’intérieur tandis que le moteur continue à tourner, bien sûr. Nos deux chauffeurs et notre bagagiste en profitent pour griller une cigarette autour de la pompe, l’un d’eux tenant avec la même main le pistolet et sa cigarette allumée. Ils jetteront tous les trois leurs mégots par terre, sans l’éteindre, au pied de la pompe.

 

Il nous aurait fallu au moins 4 à 5 jours pour rejoindre Van (Turquie) par une route assez difficile. Le poste  frontière était situé à plus de 2 000 m d’altitude dans un paysage de montagnes rocailleuses. Nous prenions donc un minibus de Tabriz. Il n’y eut pas moins de 4 check point et le passage des douanes pris une bonne heure et demie. Il fallut décharger tous les bagages – pas les vélos heureusement- et passer avec eux côté piétons tandis que les véhicules étaient passés au peigne fin. Même les capots côté moteur étaient ouverts. Un militaire chercha à démonter les pare soleil de notre van, puis renonça. Que cherchent-ils ? Du trafic d’armes dans cette région kurde ? Il y avait dans le même minibus que nous une jeune Allemande. Dès le coup de tampon d’entrée en Turquie obtenu, nous enlevions le foulard avec soulagement et nous regardions toutes les deux en souriant. Ouf !

Nous en avions fini avec les formalités bien avant notre chauffeur et patientions avec une tasse de thé en regardant le bordel indescriptible des voitures et camions dans les deux sens. Comme ni les Turcs ni les Iraniens ne savent ce que veut dire faire la queue ou suivre une file, tous ces véhicules se trouvaient face à face dans le plus grand désordre. On aurait dit un nœud de chenilles processionnaires – vous savez quand on leur met un bâton dans les pattes.

 

 

Alors l’Iran ? Eh bien nous sommes contents d’y être allés même si, vous l’avez sans doute deviné, nous avons trouvé l’atmosphère lourde. Tout ce noir finissait par m’oppresser, ces grands drapeaux noirs au-dessus des bâtiments et la tête sévère et omniprésente de Khomeiny me faisait penser au Royaume de Mordor (in Le  Seigneur des Anneaux de Tolkien). Cependant les Iraniens sont très serviables, amicaux, ont toujours envie de vous aider – même parfois quand vous n’en avez pas besoin- et un désir insatiable de communiquer avec les étrangers. Nous n’avons fait qu’un tour rapide dans ce pays, visitant les sites les plus fameux, mais je suis persuadée qu’il y a plein d’endroits, un peu plus difficile d’accès sans guide ou sans chauffeur sans doute, à découvrir dans le désert. Ceci dit, de ce  désert couleur de poussière, nous étions rassasiés.

Au fait, contrairement à ce que nous avait dit le douanier de Belisuvar, l’Iran n’est absolument pas un pays dangereux. On s’y sent plutôt plus en sécurité qu’en France où, d’après les actualités, il y a des agressions quotidiennes dans toutes les grandes villes.